Le Pacifique: Le prince de Belleville
A peine née de la rue 
du Faubourg du Temple, la rue de Belleville grimpe doucement vers 
Pyrénées au milieu d’un amoncellement de cageots, de camions de 
livraison, d’étals de de supérettes asiatiques, d’employés poussant des 
diables surchargés, et, bien sûr, d’un alignement de cantines et 
restaurants chinois encerclant d’ultimes cahutes à kebabs, sous le 
regard de badauds goguenards affalés en terrasse devant le Folies.
Le
 soir tombe, l’air du printemps est doux, c’est l’heure de manger dans 
ce chinatown plus confidentiel et moins touristique que son grand frère 
du XIIIème arrondissement.
Mais l’hésitation gagne à l’heure de faire un choix. La vue se brouille, noyée par la multiplication d’idéogrammes en néons, les enseignes affichant des combinaisons aléatoires de murailles, de phénix, de jades et de mandarins, les vitrines embuées donnant sur des intérieurs identiques, fruits du déstockage d’un grossiste d’Ivry qu’on devine tout puissant, couvrant les tables des mêmes nappes en papier, plaçant dessus les mêmes carafons collants de sauce soja et pots aux bords brunis de sauce pimentée solidifiée, distribuant les mêmes porte menus en imitation cuir, et, semble t’il pour un esprit soudain rongé par le doute, refourguant certainement les mêmes plats, nés dans la cuisine crasseuse d’un appartement-raviolis, survivants tant bien que mal aux séances successives de réchauffage et recongélation, jusqu’à trouver repos final dans l’estomac du premier visiteur venu.
Pour nous, ce choix est fait depuis longtemps. Le Pacifique, installé confortablement à l’angle avec la rue Rampal, est un des vaisseux amiraux du quartier. Certes, la décoration commence à dater, à l’image d’un aquarium aux eaux troubles où tournent quelques poissons aux couleurs fanées, ou d’improbables prix encadrés aux murs, baguettes d’or poussiéreuses datant du siècle dernier. Mais les salles spacieuces, dont une largement ouverte sur la rue, abritent de nombreuses tables rondes pour huit ou dix convives, gage d’authenticité rassurant à l’heure de se réunir pour un véritable banquet chinois, où tous les plats sont posés au centre de la table et partagés, comme il se doit.
La carte propose essentiellement de la cuisine cantonaise « de rue » : de la rôtisserie, surtout le canard laqué pipa, moins gras que le canard laqué habituel, des plats cuits rapidement et au naturel, comme le poulet mariné au sel et cuit à la vapeur, ou les crevettes au sel et poivre, des feuilles de brocolis sautées (à demander hors de la carte) dont la légère amertume se marie bien avec le gras de la rôtisserie. Certains dim sum sont une rareté à Paris, comme les travers de porc sauce haricots noirs, la pâte de radis frite, et surtout d’excellents raviolis à la ciboule chinoise.
Alors, oui, le puriste pestera contre le sacrilège de proposer des vapeurs le soir, lui qui a eu le privilège de savourer un vrai Yum Cha (thé accompagné de dims sums) à Hong Kong. Oui les serveurs sillonnent les tables au pas de course, les cuisiniers débitent canards et travers de porc à grands coups de hachoir, les paniers en bambous remplis de raviolis sortent en cadence infernale, oui, en effet, les crevettes tigres sont des produits congelés, mais les saveurs de ces plats simples sont vraies, tout comme la joie de se retrouver, entre nombreux amis, le goût âpre du rosé de Provence bien en bouche, un soir de printemps dans Belleville.
Addition : 30€ maximum par personne (plats entre 8€ et 15€, pour six personnes, commander quatre ou cinq dims sums puis six à sept plats à partager)
Le Pacifique35, rue de Belleville
Mais l’hésitation gagne à l’heure de faire un choix. La vue se brouille, noyée par la multiplication d’idéogrammes en néons, les enseignes affichant des combinaisons aléatoires de murailles, de phénix, de jades et de mandarins, les vitrines embuées donnant sur des intérieurs identiques, fruits du déstockage d’un grossiste d’Ivry qu’on devine tout puissant, couvrant les tables des mêmes nappes en papier, plaçant dessus les mêmes carafons collants de sauce soja et pots aux bords brunis de sauce pimentée solidifiée, distribuant les mêmes porte menus en imitation cuir, et, semble t’il pour un esprit soudain rongé par le doute, refourguant certainement les mêmes plats, nés dans la cuisine crasseuse d’un appartement-raviolis, survivants tant bien que mal aux séances successives de réchauffage et recongélation, jusqu’à trouver repos final dans l’estomac du premier visiteur venu.
Pour nous, ce choix est fait depuis longtemps. Le Pacifique, installé confortablement à l’angle avec la rue Rampal, est un des vaisseux amiraux du quartier. Certes, la décoration commence à dater, à l’image d’un aquarium aux eaux troubles où tournent quelques poissons aux couleurs fanées, ou d’improbables prix encadrés aux murs, baguettes d’or poussiéreuses datant du siècle dernier. Mais les salles spacieuces, dont une largement ouverte sur la rue, abritent de nombreuses tables rondes pour huit ou dix convives, gage d’authenticité rassurant à l’heure de se réunir pour un véritable banquet chinois, où tous les plats sont posés au centre de la table et partagés, comme il se doit.
La carte propose essentiellement de la cuisine cantonaise « de rue » : de la rôtisserie, surtout le canard laqué pipa, moins gras que le canard laqué habituel, des plats cuits rapidement et au naturel, comme le poulet mariné au sel et cuit à la vapeur, ou les crevettes au sel et poivre, des feuilles de brocolis sautées (à demander hors de la carte) dont la légère amertume se marie bien avec le gras de la rôtisserie. Certains dim sum sont une rareté à Paris, comme les travers de porc sauce haricots noirs, la pâte de radis frite, et surtout d’excellents raviolis à la ciboule chinoise.
Alors, oui, le puriste pestera contre le sacrilège de proposer des vapeurs le soir, lui qui a eu le privilège de savourer un vrai Yum Cha (thé accompagné de dims sums) à Hong Kong. Oui les serveurs sillonnent les tables au pas de course, les cuisiniers débitent canards et travers de porc à grands coups de hachoir, les paniers en bambous remplis de raviolis sortent en cadence infernale, oui, en effet, les crevettes tigres sont des produits congelés, mais les saveurs de ces plats simples sont vraies, tout comme la joie de se retrouver, entre nombreux amis, le goût âpre du rosé de Provence bien en bouche, un soir de printemps dans Belleville.
Addition : 30€ maximum par personne (plats entre 8€ et 15€, pour six personnes, commander quatre ou cinq dims sums puis six à sept plats à partager)
Le Pacifique35, rue de Belleville
Paris 19ème
01 42 49 66 80
01 42 49 66 80
 
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