Certains sont à la recherche d'authenticité
quand ils vont manger japonais, sensibles à l'accueil et aux petites
touches d'attention généralement prodigués dans les vrais établissements
nippons. Ceux là se dirigent naturellement vers le «nipponland» entre
Opéra et Palais Royal, ses nombreuses échoppes à ramen, à udon, ses
épiceries, ses petits restaurants sans prétention. D'autres cherchent
plus d'épate, de brillant, et se dirigent évidemment vers l'épicentre du
bling bling, les Champs Elysées. De nombreux restaurants japonais se
sont établis dans le 8ème arrondissement pour capter la clientèle
d'affaires et les touristes opulents venus faire leurs courses rue
François 1er ou avenue Montaigne.
Meiji est un de ces restaurants et jouit d'une bonne réputation. Une
discrète entrée rue Marboeuf donne sur une petite cour intérieure dont
un coin a été transformé en fort joli jardin japonais de poche, pierres
moussues et petit cours d'eau inclus. L'établissement est au fond de la
cour, avec une salle à gauche ouvrant sur le jardin, généralement prise
d'assaut, un long comptoir de service permettant de voir les cuisiniers à
l'oeuvre, notamment celui chargé des brochettes, les yakitori, et une
succession de salles tout en longueur sur la droite. L'ensemble est de
bon goût, discrètement moderne, sombre à souhait, les tables un peu
serrées peut-être.
La carte est très variée et authentique: un choix très vaste en matière
de sushis, sashimis et makis, beaucoup de petits plats cuisinés, et
surtout, une longue liste de yakitoris, ces brochettes grillées au feu
de bois si galvaudées ailleurs. Evidemment, pas de boeuf au fromage,
hérésie destinée aux centaines de faux japonais qui colonisent la
capitale, mais des possibilités rarement trouvées ailleurs: brochettes
de peau de poulet grillé ou de cartilage... passées sur un vrai charbon
de bois et bien assaisonnées...
L'ensemble forme donc un très bon restaurant. Mais un vague doute
subsiste, et perdure après plusieurs visites. Pourtant tout est
parfaitement conçu, les plats sont bons, les prix contrôlés, le mobilier
épuré, l'ambiance confortable, les lumières tamisées, le jardin est
zen... Et puis on comprend: on voit peu, très peu de clients japonais.
D'ailleurs, le service n'est pas assuré par des japonais, mais par de
jeunes français chics et blasés, au style si couru dans le triangle d'or
parisien. Notre Meiji s'est donc bien ouvert à l'occident, et a
abandonné dans l'histoire le fond pour la forme: derrière une carte et
une cuisine irréprochables, l'amabilité, la douceur et la gentillesse si
typiques du service japonais ont disparu pour laisser place à la froide
efficacité d'un traitement campo-élyséen.
Addition: environ 60€ par personne
Meiji
24, rue Marboeuf
Paris 8ème
01 45 62 30 14
http://www.restaurant-meiji.fr
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