Nous avons continué ce printemps notre
tournée des bistrots installés de la capitale. Et Chez Michel est une
case indispensable à cocher dans tout carnet qui se respecte. Par
hasard, nous connaissions le restaurant depuis bien longtemps, il y a
sept ou huit ans au moins, quand nous n’avions jamais entendu parler de
bistronomie, ni de Camdeborde, ni de ses amis, ses disciples, ou ses
nombreux imitateurs.
Chez Michel est un classique, acclamé de toute part. Du sérieux, de la
référence. Selon les connaisseurs, un grand spécialiste de gibiers en
saison, ce qui n’est pas forcément notre tasse de thé. Nous pensions
plutôt à l’époque à un restaurant breton. Qu’importe, l’essentiel est
dans l’assiette, dans ces retrouvailles, armés de notre connaissance
fraîchement acquise d’autres bistrots gastronomiques.
L’endroit n’a pas changé. Installé à l’angle de la rue de Belzunce, la
vue sur l’imposant derrière gris de l’église Saint Vincent de Paul, le
restaurant est au calme : on a peine à croire que les files de voitures
klaxonnantes du boulevard de Magenta sont à deux pas. Le succès est au
rendez vous, puisque le bistrot se permet le luxe de fermer samedi et
dimanche. La salle est petite, agréablement disposée en cercle autour
d’un bar servant plutôt de desserte, deux côtés ouverts sur la rue, murs
beiges salis, poutres en bois. L’accueil est efficace, rapide, mais
reste sympathique : tout est donc en place pour replonger dans l’ardoise
du menu.
Nous sommes vites rassurés : si le choix est plutôt restreint, dans des
plats aux ingrédients modestes si l’on évite la tentation des plats avec
suppléments, tout est maîtrisé et savoureux : des sardines marinées
dans un bocal de verre, une tranche de pâté d’oreille et une salade
verte avec ses grands brins d’aneth frais, des classiques de la maison
comme le kig ar farz, le pot au feu de cochon breton dans sa cocotte en
fonte. Pour finir, un beau plateau de fromages et sa gelée de cidre, ou
les redoutables Paris Brest ou kouign aman, plâtrant les estomacs les
plus affamés. Le tout est accompagné d’une grande carte des vins et la
possibilité de prendre la plupart des bouteilles au compteur.
Que reprocher à Michel ? D’avoir la main très lourde sur les suppléments
: certes il s’agit souvent produits de rares ou de prestige (truffes,
coucou de Rennes, salade de homard, canard au sang, gibier en saison),
mais les plus huit, douze, voire vingt euros et au delà volent bien trop
facilement, y compris pour une malheureuse coupelle de gariguettes,
quand d'autres,
tout aussi bons, font l'effort de bien plus se contrôler. De céder aux
tics bistrotiers de rigueur : le couple de touristes japonais
systématiquement placé sur une table indéfendable (ici, littéralement
collée à la porte des toilettes), le traquenard de la cave, à éviter
absolument si l’on est en couple, où les clients sont parqués à huit sur
les bancs d’une table commune prévue pour six.
En résumé, les défauts sont irritants mais classiques. En évitant ces
écueils, reste une excellente adresse, tenant solidement son rang dans
le panorama parisien.
Addition: 50€ par personne en évitant les suppléments (menu entrée plat dessert à 32€)
Chez Michel
10, rue de Belzunce
Paris 10ème
01 44 53 06 20
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