Voici un petit bistrot que nous avons eu
du mal à dénicher, bien qu'il soit établi au coin de notre rue, tant sa
devanture en bois sombre, en dehors des horaires d'ouverture, donne sur
un intérieur si rangé qu'il en paraît vide: pas de signe de vie, pas
d'enseigne, pas de carte encastrée près de la porte pour appâter le
badaud, l'Ober-salé passe inaperçu dans ce bout de rue Oberkampf proche
du boulevard Beaumarchais, où se mélangent joyeusement boutiques de
jeunes créateurs, petits bars et restaurants sans chichis, un caviste
indépendant bio et un takeaway indien.
Cet Ober-salé doit être un grand timide, un bistrot qui courbe le dos et
baisse le regard, tout apeuré de jouer dans la même cour que ses
illustres confrères, amis-disciples de Camdeborde, qui, forts d'une
zagatisation avancée, font salle comble à tous les services et peuvent
se permettre, souvent débordés, parfois hautains et blasés, de faire reconfirmer les réservations, de refuser du monde, voire, suprême distinction, de fermer le week end.
Pourtant, l'Ober-salé n'a aucune raison de se cacher, et offre une vraie
jolie surprise, les savoureux morceaux, qu'on sent confectionnés avec
soin, de ses assiettes: un pressé de joue de boeuf au foie gras au goût
profond et ample, une cuisse de pintade au choux vert ferme et fondante
ont vite fait mon bonheur, tandis qu'en face on optait avec autant de
réussite pour des saveurs marines: asperges à la crème de langoustine et
filet de dorade sur légumes, le tout arrosé d'un bon petit vin de loire
puisé dans une courte carte. Un pain perdu tout simple et une assiette
de fromages ont complété le repas.
En fait, le charme de cet établissement tient à son intimité: six ou
sept tables mises sagement dans un espace un peu sérieux, sans éléments
de décoration, un jeune couple qu'on sent appliqué qui fait tourner
l'ensemble, lui, le chef, seul en cuisine, elle s'occupant de la salle.
On se sent presque chez quelqu'un, impression renforcée par la
simplicité des accompagnements, pas de commis ici pour parfaire la
décoration en posant une feuille de bacon ou une lamelle de parmesan
frite, et par la gentillesse du service.
Mine de rien, l'Ober-salé nous a offert un vrai petit moment de saveur,
nous permettant de fêter dignement l'arrivée des longues soirées d'été,
quand les trottoirs sont encore chauds, quand on s'attarde en terrasse
autour d'un kir un peu piquant et d'un bol de chips grasses, avant
d'aller profiter de ses bonnes assiettes en voisin avisé.
Addition: 50€ par personne (menu à 35€ je crois)
L'Ober-salé
17, rue Oberkampf
Paris 11ème
01 43 38 46 68
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