Je suis retourné à l’Ourcine à l’occasion
d’un de ces dîners de début de semaine qui font vraiment plaisir, car
incongrus, non raisonnés, échappant à la logique productiviste qui
voudrait que l’on démarre fourbu et maussade le lundi, reconstituant
patiemment ses forces chez soi à coups de plateaux repas, pour se
lancer, le week-end venu, dans une débauche frénétique d'activités et de
sorties: courses au monoprix, shopping, déjeuner de famille, cinés ou
expos, apéros avec les copains, dîners gastro avec des couple d'amis,
brunchs ou goûters d’anniversaire des petits, ballades dans des squares
bondés de jeunes couples cherchant tous dans le sillage de leur Mac
Laren le meilleur banc ensoleillé, certes, mais pas celui où se tasse,
dans des grognements, l'odoriférant clochard, nez aviné plongé dans la
broussaille de sa barbe.
Non, en début de semaine, on respire en marchant tranquillement le long
du boulevard Arago désert, le nez en l’air, en prenant le temps
d’apprécier le calme de la ballade, les derniers étages, les toitures
des immeubles haussmanniens, le ciel à l'approche de la nuit, et la
douceur retrouvée du printemps.
Ce soir là, l'Ourcine fournissait un cadre parfait pour un dîner
tranquille: une petite salle carrée toute simple, un vieux zinc sur la
gauche, une dizaine de tables, la cuisine au fond, ouverte sur la salle,
les plats crayonnés sur les ardoises aux murs, les petites tables en
bois sombre: les codes du bistrot gastro étaient bien respectés à la
lettre, nous entrions en terrain connu et rassurant. Ajoutons quelques
convives attablés mais un restaurant loin d'être archi-bondé, et, l'un
expliquant peut-être l'autre, un service décontracté et très
sympathique, tous les ingrédients étaient réunis pour profiter des
assiettes: des ravioles de chair d'araignée à la coriandre, un marbré de
joue de boeuf plein de saveurs, une truite saumonée aux amandes, de la
poitrine de cochon croustillante avec une polenta, que du bon, bien
fait, joliment tourné et avalé, bien accompagné d'un excellent pinot
noir d'Alsace. Seuls les fromages et desserts nous ont un peu laissé sur
notre faim: un fromage de chèvre tout triste, et des poires pochées au
chocolat aux arômes comme dilués et aqueux.
Un petit regret, certes, mais pas de quoi piquer une crise dans cette
ambiance décontractée, où même le bruit des conversations et le
tintement des verres sont atténués. Merci donc à l'Ourcine pour nous
avoir offert une de ces petites tranches de plaisir qui font sourire,
embellissent nos soirées en semaine, et, par ricochet, rendent plus
lents et paisibles nos week-ends.
Addition: 50€ par personne (menu entrée-plat-dessert à 32€ je crois)
L'Ourcine
92, rue Brocca
Paris 13ème
01 47 07 13 65
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